Face à la crise globale du système capitaliste, quelle orientation pour le NPA ?

Contribution de l’ARC au CPN du NPA des 22 et 23 mai

Face à la crise globale du système capitaliste, quelle orientation pour le NPA ?

1) Crise sanitaire…

Le pic de la 3e vague a été passé et la décrue des contaminations comme des admissions dans les hôpitaux se poursuit. La vaccination monte en puissance mais son rythme est encore insuffisant, notamment pour des raisons logistiques. Le gouvernement a gagné un temps de répit, mais en comparaison du déconfinement de mai-juin 2020, le plancher des contaminations restera haut et laisse craindre une nouvelle vague au vu de la virulence liée aux variants P1 du Brésil et B1.617 d’Inde, plus transmissibles encore que le variant britannique B.117, lui même responsable de la dernière vague. La virulence des variants brésilien et indien conjuguée à l’incurie et au laisser-faire criminels des gouvernements de Bolsonaro et Modi provoquent une hécatombe dans ces pays, pourtant développés. Ils s’étendent aux pays proches et y font repartir à la hausse l’épidémie, en Amérique Latine pour le P1, au Népal et à Singapour (contraint de se reconfiner pour un mois) pour le B1.617. La virulence de ce dernier et son explosion ces deux dernières semaines au Royaume-Uni y menace même la poursuite du déconfinement, alors que ce pays a été en pointe dans la vaccination et sort d’un confinement dur ayant jusque là annihilé les contaminations.

Macron et son gouvernement auraient bien tort de parader. Leur politique consistant à vivre avec le virus en misant tout sur la vaccination, en rouvrant toute l’économie (et en particulier les écoles, collèges et lycées, vues comme “garderie du MEDEF” ) et en privilégiant les profits ne peut permettre de sortir de la crise sanitaire sur la durée. La crise sanitaire a aussi conduit à l’explosion des maladies psychologiques, et d’une manière générale, les secteurs du “care”, en première ligne, montre l’émergence du secteur de la reproduction, secteur majoritairement féminisé. La population va non seulement continuer de se contaminer dans les établissements scolaires, sur les lieux de travail, dans les transports en commun, mais également dans les bars et restaurants; puisqu’aucun investissement sérieux n’est fait et ne sera fait pour améliorer les conditions sanitaires (purificateurs d’air, etc.). Les mobilisations lycéennes dans les bahuts ont abordé ces questions, ainsi que celle du bac qu’iels veulent pouvoir passer dans de bonnes et justes conditions, en mettant en avant les inégalités dues à la gestion locale de la crise sanitaire, plutôt que d’imposer des mêmes conditions de travail dans l’ensemble des établissements

Dans sa propagande, le NPA doit continuer de revendiquer la réquisition des outils industriels du pays, à commencer par les laboratoires pharmaceutiques comme Sanofi pour augmenter la production des doses, l’ouverture de lieux publics (salles polyvalentes, gymnases, locaux municipaux, etc.) pour favoriser cette campagne de vaccination de masse et la répartition des vaccins disponibles à l’échelle internationale, en priorisant les personnes à risque indépendamment de leur nationalité. Il est par ailleurs absurde de raisonner à l’échelle nationale face à une pandémie mondiale : laisser l’épidémie hors contrôle dans la majorité du monde, outre les situations terribles que cela produit, comme nous l’avons vu au Brésil ou en Inde, est absurde même pour les pays qui font vacciner leur population : il y a toujours le risque qu’à force que la covid circule, un nouveau variant apparaisse et soit résistant aux vaccins. Seule une gestion internationale permettra de sortir de cette situation.  Nous devons exiger la transparence sur les contrats passés avec les laboratoires concernant les vaccins, et refuser les brevets comme la propriété intellectuelle, outil de domination du capitalisme qui privilégie le profit à nos vies, et qui maintient les pays dominés par l’impérialisme dans un état de développement inférieur.

Parce que le libre marché et l’appareil d’Etat à son service échouent à répondre aux enjeux sanitaires, nous devons revendiquer également la réquisition de toutes les entreprises qui ont un rôle à jouer face au virus, que ce soit les cliniques privées; les fabricants de masques, de tests, de respirateurs, de bouteilles d’oxygène et de frigos médicaux; les laboratoires pharmaceutiques, ainsi qu’un financement public massif des hôpitaux (avec réouverture de lits et embauche de personnel formé) et de la recherche publique.

2) Crise économique et résistances…

En 2020, il y aurait eu selon l’INSEE environ 700 000 destructions d’emplois, dont 600 000 emplois salariés. Alors que l’emploi salarié a crû d’environ 400 000 au troisième trimestre, il a de nouveau plongé au quatrième trimestre (– 300 000). L’estimation de l’INSEE est sans doute largement en dessous de la réalité : l’OFCE évalue à 790 000 les destructions d’emplois salariés en 2020.

La reprise du chômage technique depuis l’automne a pu limiter l’ampleur des destructions d’emplois. Beaucoup d’entreprises « zombies » sont maintenues artificiellement en vie par la prise en charge des salaires par l’État ou par les prêts garantis par l’État sans être viable économiquement. Un grand nombre d’entre elles feront faillite à moyen terme (l’OFCE estime que les faillites d’entreprises vont entraîner environ 200 000 suppressions d’emplois en 2021), et ce sont les contribuables qui devront rembourser les emprunts contractés.

D’ailleurs, les premières vagues de suppressions d’emplois arrivent et frappent en particulier le secteur automobile (PSA Douvrin, Renault, MBF Saint-Claude, les Fonderies de Bretagne, Advance Wheels, Renault Retail Group, Inteva Sully etc.) mais pas seulement, et chaque département voit ses boîtes touchées. Des luttes et résistances s’y produisent, certaines victorieuses comme à la SAM à Decazeville qui ont arraché le maintien de 250 emplois sur 350 et un projet de reprise maintenant les services indispensables en faisant plier Renault et l’Etat. Elles doivent servir de point d’appui à notre intervention, et la manifestation nationale du 12 juin contre les licenciements appelée par la CGT TUI doit être une échéance de notre parti.

Par ailleurs, le NPA doit accentuer sa politique d’implantation dans ses secteurs, et d’intervention en direction de ceux-ci. La nécessité de reconstruire la CILT se pose avec d’autant plus d’acuité, pour centraliser et coordonner les informations comme l’activité, pour fournir des notes d’ambiance des entreprises. Face aux licenciements et aux suppressions de postes, nous devons revendiquer l’interdiction des licenciements et la socialisation des entreprises qui licencient, car la seule façon de garantir les emplois et les revenus, c’est de rompre avec la logique capitaliste, et donc de s’attaquer à la propriété capitaliste.

Le scénario qui se dessine est le suivant : le gouvernement va continuer à subventionner massivement les entreprises pour limiter le nombre de faillites, et il fera payer l’addition aux travailleur.euse.s. Le mandat de la commission sur « l’avenir des finances publiques » lancée par le gouvernement est très clair : l’objectif est de rétablir l’équilibre budgétaire, en baissant les impôts des entreprises et sans augmenter les impôts (notamment ceux des plus riches). Les exemptions des cotisations, partie socialisé du salaire, seront aussi autant de futures coupes budgétaires. La commission est donc mandatée pour proposer une baisse historique et massive des dépenses publiques, notamment des dépenses sociales. Les salarié.e.s qui perdent leur emploi en seront notamment les victimes, avec des conditions d’indemnisation revues à la baisse.

De là découle la réforme de l’assurance-chômage avancée par le gouvernement contre laquelle se sont mobilisé-es ces dernières semaines les intermittent-es du spectacle, occupant partout les théatres et lieux de cultures (presque une centaine). Iels ont réussi après 2 mois de mobilisation à arracher la prolongation de l’année blanche jusqu’à décembre 2021, la baisse de l’entrée dans l’intermittence, une amélioration des conditions pour les congés maternité et la rétroactivité de celles-ci, ainsi qu’une augmentation de 30 millions d’euros des budgets, ce qui est une première victoire. Le mouvement est à présent dans une phase descendante, avec la pression à la réouverture faite par Bachelot, les directions de théâtre et les élus locaux.

Il y a donc une « économie de guerre » qui se met en place pas à pas : l’État mobilise les ressources publiques pour prendre en charge une grande partie des coûts des entreprises afin de soutenir leur taux de profit. Et comme il n’y a pas d’argent magique, il doit en contrepartie couper les prestations sociales et démanteler les services publics utiles à la population, tout en conservant des ressources pour financer l’appareil répressif indispensable pour contenir la colère des travailleur.euse.s paupérisé.e.s. C’est ainsi que le gouvernement prévoit un retour aux 3% de déficit budgétaire en 2027 alors que celui-ci s’est élevé à 9,2 % du PIB en 2020 et devrait être du même ordre en 2021, impliquant un « tour de vis » majeur et une cure d’austérité jamais vue.

Nous devons donc revendiquer l’annulation de la dette publique en s’attaquant aux sociétés financières et aux patrimoines et épargnes des plus riches, en l’articulant à la socialisation du secteur bancaire et assurantiel, à l’expropriation des capitalistes et à la réorganisation de toute l’économie.

3) Crise politique…

Nous écrivions dans une contribution lors d’un précédent CPN: “Les reculs de notre camp social, les difficultés de nos organisations politiques (au premier rang le NPA) et syndicales, l’intégration des directions syndicales au « dialogue social », ouvrent un boulevard au renforcement des courants réactionnaires, et en fin de compte, au renforcement de l’extrême droite. La crise a favorisé ainsi l’émergence de courants anti-scientifiques, anti-vaccins dont le documentaire Hold-up illustre bien le discours. En France, il est possible qu’un tel phénomène profite à Marine Le Pen et au RN en 2022, surtout si la crise économique explose.

Depuis plusieurs mois nous pouvons ainsi noter le développement de l’activité de militants et groupuscules survivalistes et complotistes (fusillade de Saint-Just, fusillade des Plantiers, enlèvement d’une enfant dans les Vosges etc.) ainsi que d’une extrême-droite plus “traditionnelle” (attaques de la marche lesbienne de Lyon, des théatres occupés à Orléans et Clermont-Ferrand, de militant-es NPA à Strasbourg; projet d’attentat en Moselle etc.). Ces groupuscules agissent dans l’ombre d’un RN qui donne le tempo, débauche des responsables de LR pour ses différentes listes aux régionales, faisant sauter nombre de digues et est aujourd’hui susceptible de l’emporter dans plusieurs régions dont PACA et Grand Est, plaçant Marine Le Pen sur un tremplin pour 2022. Le macronisme ainsi que la droite accompagne dans sa surenchère raciste, islamophobe, autoritaire, surfant sur les attentats comme celui de Rambouillet ou des faits divers comme celui d’Avignon pour avancer des lois toujours plus racistes et sécuritaires (loi sécurité globale, séparatisme, antiterrorisme). C’est d’ailleurs dans cette optique de s’adresser prioritairement à la droite et à l’extrême-droite que le gouvernement bloque le vote d’une PMA vraiment pour tou-tes ainsi que l’interdiction des thérapies de conversion, qu’il mène campagne contre l’écriture inclusive, qu’il bloque la panthéonisation de Gisèle Halimi (à cause de ses positions politiques lors de la Guerre d’Algérie), qu’il appuie les attaques contre “l’islamogauchisme” et la “cancel culture” dans les universités.

Dans ce contexte fleurissent des tribunes de “généraux”, de “militaires”, ou de “policiers” évoquant à demi mot,la guerre civile et une éventuelle intervention militaire, tandis que Bolloré cherche à construire via Canal +, CNews et Europe 1 un pôle média qui serait le Fox News français, voué à faire élire MLP en 2022. Cela est significatif du fait qu’une partie du grand patronat est maintenant prêt à accepter l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite pour appliquer un programme libéral-conservateur de choc, antisocial, raciste, réactionnaire, autoritaire, pour mettre en place les “réformes structurelles” indispensables pour restaurer le taux de profit et la compétitivité des entreprises françaises.

C’est une course de vitesse qui est engagée avec l’extrême-droite et le mouvement ouvrier court avec handicap, surtout quand le PCF et la FI votent la loi séparatisme, quand les députés PCF soutiennent la dissolution du CCIF ou quand Fabien Roussel réclame plus de policiers et appelle à la manif du 19 aux côtés du PS, de Darmanin, du RN, et des syndicats policiers. Par ailleurs, les attaques du 1er mai sont assez significatives de la décomposition du mouvement social.

Le NPA doit être au premier rang pour construire un front unique de masse, qui dépasse les simples milieux antifascistes et militants, contre l’extrême-droite et en défense des libertés démocratiques, contre les lois racistes et sécuritaires. Dans ces derniers, il y développe ses propres analyses et mots d’ordre, il conserve son indépendance politique et programmatique et enfin rappelle que ce combat ne se limite pas à une question électorale, mais se pose en termes de mobilisation sociale. La marche des libertés le 12 juin ainsi que le congrès du RN les 3 et 4 juillet à Perpignan peuvent ainsi être de premières échéances pour ceux-ci.

4) Crises internationales…

A l’échelle mondiale, le capitalisme est également en crise profonde et les peuples se soulèvent. Au Myanmar, le coup d’état militaire a vu le peuple birman se révolter au travers d’un mouvement de masse rarement vu auparavant depuis plus de 2 mois. Les travailleur-euses du Myanmar restent mobilisés malgré les massacres dans l’indifférence de la communauté internationale, impuissante face à l’appui de la Chine et de la Russie à la dictature, et au soutien tacite et complice de la France, qui finance les généraux via Total. Malgré les assassinats, malgré les emprisonnements, malgré cette répression sauvage, malgré l’utilisation des viols comme armes de guerre, les birmanes continuent de réclamer la démocratie et le départ des militaires du pouvoir, la mobilisation se poursuit.  La grève paralyse toujours pour une part l’administration, la banque, des entreprises. Des manifestations éclairs ont lieu, se dispersant avant l’apparition des forces de police et de l’armée, des quartiers affichent leur entrée en dissidence et la rentrée scolaire et universitaire imposée par la junte a été massivement boycottée par les étudiant-es et les personnels.

Les colombien-nes également se dressent contre le pouvoir depuis le 28 avril, en grève contre la réforme fiscale, contre la réforme de la santé, contre les assassinats de militant-es et contre toutes les politiques antisociales à l’oeuvre, et débordant les centrales syndicales. Le gouvernement Duque y répond par la violence en utilisant le corps d’élite de sa police, l’Escadron anti-émeute (ESMAD). Il y a déjà plusieurs dizaines de mort-es et au moins 200 disparu-es.

En Israel, incapable de former un gouvernement et refusant de lacher le pouvoir pour faire face à la justice, Netanyahu – qui a besoin d’un état de guerre pour se maintenir au pouvoir en forçant une union nationale derrière lui – encourage l’activité de groupes d’extrême-droite dans leurs manifestations sauvages dans les lynchages anti-arabes à Jerusalem et dans d’autres villes, protégeant les agresseurs. Il s’appuie sur ces derniers pour chaque jour un peu plus annexer le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem Est. Face à la mobilisation des habitantEs de ce quartier et de leurs soutiens israéliens et palestiniens, les autorités israéliennes ont, comme à leur habitude, envoyé la police et l’armée pour réprimer les manifestantEs, en en blessant plusieurs centaines. Aux roquettes lancées par le Hamas et les groupes proches, l’armée israelienne répond par des bombardements brutaux sur la Bande de Gaza, faisant plus de 200 mort-es et plus de 1500 blessé-es, anéantissant notamment un immeuble comprenant les médias étrangers pour mieux empêcher la couverture de la guerre coloniale à l’oeuvre. En France, malgré l’interdiction de la manifestation parisienne par Gérald Darmanin et sa répression, des manifestations de soutien au peuple palestinien se sont tenues et sont appelées à continuer. La politique du ministre de l’intérieur, ancien de l’Action Francaise et auteur il y a quelques semaines d’un livre antisémite et islamophobe, s’inscrit dans la continuité de la gestion coloniale de ses minorités par la France, dressant selon ses intérêts l’une contre l’autre. Tout l’enjeu des prochaines mobilisations est aussi de ne pas tomber dans ce panneau.

La scène internationale est marquée par une recrudescence de l’islamophobie. Dans bon nombre de pays, démocratiques, ou non, ces dernières années ont vues le développement d’une attaque sans précédente contre les droits des musulmans, au nom d’une lutte contre un terrorisme, que ces politiques nourissent. La loi séparatisme, nouveau cran franchi allègrement par un pouvoir qui se durcit dans son autoritarisme face à la crise, crée un nouvel ennemi intérieur. En Inde, le gouvernement Modi poursuit ses attaques sur les droits démocratiques des musulmans, voulant rendre apatride, et sans droits, une immense partie de la population. En Chine, la répression des Ouighours, avec la création de camps de rééducation, approuvés et assumés par le régime, montrent bien que le renforcement d’un discours identitaire franchit les frontières et oblige les révolutionnaires à construire une riposte de la classe ouvrière internationale.

Le NPA doit être au premier rang des différentes manifestations de soutien aux peuples en lutte et participer à construire des cadres de masse. Nos tâches en tant que révolutionnaires dans un pays impérialiste sont également de dénoncer la mainmise néocolonialiste, et le soutien des gouvernements français aux répressions brutales contre les aspirations démocratiques et aux volontés d’émancipation des peuples dominés économiquement et politiquement.

5) Face aux crises, le NPA pour coaliser les colères:

Pour mener cette politique, nous avons besoin d’un parti, le NPA, qui s’affiche révolutionnaire et prend des initiatives pour rassembler notre classe sociale, pour interpeller les forces réformistes et s’adresser à celles et ceux qu’elles influencent. Il s’agit de construire le front unique en évitant les deux écueils fondamentaux quand on évoque cette politique: celui de l’auto-proclamation sectaire qui ne cherche pas à interpeller, à s’adresser aux courants réformistes du mouvement social, et celui qui consiste à rechercher l’unité à tout prix, notamment celui d’une dissolution de notre identité politique dans cette unité.

En ce sens, les alliances électorales telles qu’elles ont lieu en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine ne permettent pas de répondre aux enjeux. Il est déjà grave qu’elles n’aient été discutées dans aucun cadre démocratique du parti. En outre, nous ne pouvons pas nationalement clamer notre refus que l’argent public arrose les entreprises privées et régionalement défendre les subventions aux entreprises privées à condition qu’elles ne licencient pas (elles promettent toujours de ne pas le faire pour recevoir un chèque). Nous ne pouvons pas expliquer nationalement qu’il n’y a pas de solution capitaliste et institutionnelle à la crise localement nous positionner en bons gestionnaires prêts à diriger la région, sans remettre en cause l’état capitaliste, ses lois et ses budgets.

Si les camarades à l’initiative de celles-ci espèrent relancer le parti et le sortir de sa crise en utilisant celles-ci, les méthodes à l’œuvre comme le fond ne peuvent être que contre-productives. Il est compliqué de justifier une offensive contre les fractions tout en s’organisant fractionnellement, avec l’appui de l’appareil national et une transparence toute relative, pour imposer une alliance avec une force comme la FI qui va crisper (pratiquons l’euphémisme) une large partie (si ce n’est une majorité) des militant-es du NPA. Dans le même esprit, on ne peut pas gouverner à coups de menton, à coups d’injonctions “avec nous ou contre nous”, ou de motions locales d’exclusion. Le parti pour l’émancipation que nous défendons ne peut avoir ce genre de pratiques. Tout comme il ne peut pas avoir comme pratiques la désertion concrète de tous les cadres communs accompagnées du nettoyage politique des comités dès lors qu’on les dirige et qu’on les contrôlent; et encore moins les coups de pression pour imposer une candidature en s’appuyant sur les réseaux sociaux et en appelant à la création d’un nouveau parti.

A l’image des camarades de Dijon, nous pensons que pour avoir un parti utile, nous devons refaire “vivre une activité du NPA à la base par les comités sans exclusive ni exclusion a priori, avec des débats pluralistes“, en nous appuyant sur le travail des commissions, en relançant les rencontres nationales des comités et les rencontres nationales public-privé.

Dans une région comme le Grand Est, les camarades des différents départements, quelles que soient leur tendance, leur courant ou non-courant, leur sensibilité, sont unanimes pour mener une campagne politique commune, régionale, contre la crise du système capitaliste et défendant notre politique. C’est ce genre de campagnes que nous devons généraliser autant que possible, en discutant entre nous du contenu, en faisant le pont entre les revendications immédiates et la question du pouvoir, en mettant en accusation la propriété privée et le capitalisme. Nous n’avons pas réussi à le faire avec la campagne de rentrée, notamment à cause de la pandémie, mais cela peut être une bonne expérience pour militer ensemble et remettre en mouvement le parti.

Il faut redonner la parole aux comités avec des bulletins de discussion pour préparer la conférence nationale pour la présidentielle, pour y discuter du projet, du programme avant le profil, du discours avant le casting, et en refusant tout coup de pression. Pour discuter une campagne NPA qui ne soit pas juste une campagne “gauche +1” à côté de la FI, qui ne soit pas juste une campagne de témoignage, mais une campagne des luttes, une campagne anticapitaliste et révolutionnaire, féministe, antiraciste, internationaliste, contre toutes les oppressions; une campagne qui donne à voir notre autre projet de société et qui le rende crédible pour les larges masses, ce qui implique de se doter de réels éléments de programme, notamment concernant la réorganisation de la production et de la reproduction; qui mette en son centre l’auto-organisation ainsi que la remise en question du capitalisme et de la propriété privée.

De cette manière nous remettrons en route le parti avant d’aborder notre congrès à l’automne 2021. En effet, la CN, centrée sur les présidentielles, ne peut pas et ne doit pas remplacer une discussion plus globale sur le parti, qui ne pourra avoir lieu que dans le cadre d’un congrès. Ce congrès, plusieurs fois différé, en partie à cause de la situation du covid, est indispensable puisque nous devons rouvrir les débats de fond, les débats sur le programme, les hypothèses stratégiques, le parti que nous voulons dans des bonnes conditions, sans chantage à la scission ni manoeuvres sur les votes et les adhésions. Il doit avoir lieu le plus rapidement possible aux vues de la situation actuelle du parti.

 

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